Téléphonie sur IP interne vs hébergée : quelle solution choisir pour votre collectivité ?
09 Nov

Téléphonie sur IP interne vs hébergée : quelle solution choisir pour votre collectivité ?

En matière de téléphonie sur IP fixe (ToIP), deux solutions existent et offrent toutes deux des avantages indéniables : la téléphonie sur IP interne et la téléphonie sur IP hébergée, appelée également téléphonie dans le cloud ou Centrex IP.

Le point commun de ces deux solutions est qu’il permet de téléphoner grâce à une connexion Internet (d’où le terme de téléphonie sur IP pour Internet Protocol), à l’inverse des anciennes solutions de téléphonie analogique, qui impliquent la transmission des communications via le réseau téléphonique traditionnel. En ToIP, l’autocommutateur (l’équipement central de la solution) est appelé IPBX par opposition à PABX pour les autocommutateurs de téléphonie classique analogique.

La différence fondamentale entre les deux solutions est que la première nécessite un IPBX interne, alors que dans le second cas, l’IPBX est hébergé.

Les services tels que Skype, Messenger ou WhatsApp utilisés sur nos smartphones sont des services de téléphonie sur IP.

A propos de la téléphonie sur IP (ToIP)

Comme son nom l’indique, la téléphonie sur IP utilise le protocole Internet pour fonctionner. Il existe différents protocoles de communication sur les réseaux informatiques (de façon basique, un protocole est ce qui décrit la façon de communiquer) et le protocole Internet utilisé sur le réseau public s’est imposé progressivement au sein des réseaux privés d’entreprise, appelés réseaux locaux, jusqu’à devenir le plus souvent le seul protocole.

Avec la ToIP, la parole est numérisée (on parle de VoIP pour voix sur IP) et emprunte un réseau Internet pour être véhiculée. L’ajout des fonctionnalités de téléphonie (décrochage, numérotation, transfert d’appels, répondeur, conférence à plusieurs, etc.) à la VoIP constitue la ToIP.

Le réseau qui utilise le protocole Internet peut être le réseau Internet public pour les communications avec l’extérieur, mais aussi donc le réseau local pour les communications internes, qui outre les communications téléphoniques, véhicule déjà les communications de données informatiques entre les ordinateurs et les serveurs par le protocole Internet.

Pour les deux services (informatique et téléphonie), les équipements nécessaires sont identifiés sur le réseau par leur adresse IP. Ainsi, la connectique physique utilisée en ToIP est un câble RJ45 pour les téléphones IP, à l’inverse de la téléphonie analogique classique où la connectique utilisée est un câble RJ11 pour les téléphones . On peut faire des économies de prises RJ45 en chainant téléphone IP et ordinateur. Dans ce cas, l’ordinateur est branché au téléphone qui est branché à la prise RJ45, tout en permettant une séparation des flux de données informatiques et téléphoniques.

La ToIP permet ainsi de mutualiser le réseau local pour l’informatique et la téléphonie et de supprimer le réseau de prises RJ11 et câbles analogiques qui convergent vers l’autocommutateur analogique.

Parmi les autres avantages conséquents de la ToIP par rapport à la téléphonie classique, on peut citer la baisse importante des coûts de communication, qui deviennent quasiment dérisoires. Avec un Centrex IP, les coûts constatés sont de l’ordre de 1 centime d’euros HT / min pour les appels vers les fixes.

On peut citer également la possibilité de remplacer le téléphone par un softphone, logiciel installé sur l’ordinateur, qui peut être utilisé directement avec le micro de l’ordinateur, un casque ou des écouteurs. Cela permet ainsi de téléphoner en déplacement avec son ordinateur, dès lors qu’une connexion Internet est possible. C’est le cas aussi avec WhatsApp par exemple sur un Smartphone, la téléphonie est un logiciel comme un autre.

Enfin, pour compléter techniquement la solution, il est nécessaire de disposer de canaux voix sur une liaison Internet pour véhiculer les communications simultanées des appels entrants et sortants. En général, le nombre de canaux voix est égal à environ 30 % du nombre de numéros de téléphone (les numéros directs sont appelés SDA pour Sélection Directe à l’Arrivée).

Si cela est possible, on peut mutualiser la liaison Internet existante pour les flux informatiques (web et messagerie) et les flux de téléphonie, sinon utiliser une liaison Internet dédiée à l’informatique et une autre liaison Internet dédiée à la téléphonie. Certains opérateurs télécom imposent de séparer les flux sur des liaisons physiques distinctes.

ToIP interne vs hébergée : avantages et inconvénients

Dans le cas de la ToIP interne, l’IPBX est un serveur physique ou un serveur virtuel. Dans ce dernier cas, il est donc possible d’utiliser son hyperviseur existant (Microsoft Hyper-V, VMware) et de réduire à nouveau les coûts. L’intérêt ici est aussi de bénéficier des fonctionnalités de la virtualisation de serveurs (fiabilité, haute disponibilité, …).

L’avantage de la ToIP interne est la possibilité de maitriser le paramétrage de l’autocommutateur, mais l’inconvénient est aussi de devoir assurer ou de faire assurer par le prestataire les opérations techniques comme les mises à jour de l’équipement.

Un autre inconvénient de cette solution, inhérent à son architecture qui utilise le réseau local en interne, est que les postes téléphoniques des sites isolés du réseau local ne peuvent pas être raccordés à l’IPBX (mais ce n’est pas mieux en téléphonie classique analogique). Pour les collectivités qui bénéficient d’un réseau de fibres en propre ou d’un VPN inter-sites pour étendre leur réseau local à l’ensemble des sites, ce n’est pas un problème.

Le plus souvent, la solution est achetée (investissement) avec un contrat de maintenance, mais les prestataires peuvent proposer parfois des abonnements mensuels ou annuels pour la solution complète, y compris les téléphones IP (fonctionnement).

Budgétairement, ce choix est le plus souvent adapté à partir d’une centaine de SDA. Dans ce cas, le coût global variera de 55 000 à 70 000 € HT en fonction des prestataires (hors coût d’abonnement à la liaison Internet). Il comprendra toutes les  prestations (installation et paramétrage de l’IPBX, déploiement de la centaine de téléphones et/ou softphones, transfert de compétence aux administrateurs de la solution, formation aux agents à l’utilisation des téléphones et softphone, documentations), les communications illimitées vers fixes et mobile en France et le contrat de maintenance de 4 ans.

Dans le cas de la ToIP hébergée ou Centrex IP, l’IPBX est hébergé chez un prestataire. Ce peut être un professionnel de la téléphonie mais aussi l’opérateur télécom de la liaison Internet. Dans ce cas, l’opérateur fournit le Centrex mais aussi les canaux voix. C’est le cas par exemple pour le grand public, où les offres « triple play » des opérateurs nationaux comme Bouygues, Free Orange, SFR…, fournissent avec leur Box, l’accès Internet, la télévision et la téléphonie.

L’avantage ici est que le prestataire gère et maintient l’IPBX, la collectivité n’a pas à s’en charger. La téléphonie devient un service, sous forme d’abonnement, comme d’autres services tels que la messagerie.

Un autre avantage important est que, comme il suffit d’avoir une liaison Internet pour être connecté au Centrex, une commune qui n’a pas de réseau de fibres ou un VPN inter-sites pour connecter les sites à la mairie, pourra cependant partager le Centrex et utiliser une plage de numéros de téléphones contigus pour tous les sites qui bénéficient d’une liaison Internet. Le Centrex IP est donc particulièrement adapté aux plus petites collectivités.

Budgétairement, ce choix est le plus souvent intéressant en dessous d’une centaine de SDA. Hors coût d’abonnement à la liaison Internet souvent mutualisée avec l’informatique, les coûts du service varient actuellement de 4 € à 7 € HT / mois / SDA en fonction des opérateurs, auquel il faut ajouter les coûts des communications (1 ct HT / min pour les fixes et autour de 4 ct HT / min pour les mobiles) et les téléphones. Ces derniers peuvent être loués (autour de 4 € HT / mois) mais aussi achetés (à partir de 100 € HT environ pour un poste basique). Enfin, le softphone qui remplace le téléphone, est le plus souvent facturé par les opérateurs sous forme d’abonnement (à partir de 1 € HT / mois).

Ainsi, pour une vingtaine de postes téléphoniques par exemple, le coût sur 4 ans serait d’environ 20 000 € HT.

En conclusion

Outre les avantages techniques de l’une ou l’autre des solutions, le choix se fait souvent sur des critères budgétaires. Même si ce point reste à étudier de près car les offres évoluent rapidement, le seuil à prendre en compte est généralement autour d’une centaine de SDA. Au-dessus, il est souvent plus intéressant de choisir une ToIP interne, en dessous du Centrex IP.

De plus, pour une petite collectivité qui n’a pas les moyens humains de gérer un IPBX interne, le Centrex IP est naturellement plus adapté.

Malgré tout, certaines entreprises ou collectivités, notamment les plus petites, ont déjà abandonné la téléphonie fixe et sont passées entièrement à la téléphonie mobile en fournissant un smartphone à tous leurs agents (à part pour le standard). Sans doute cette évolution sera la prochaine étape en matière de téléphonie.

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